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Mont Aiguille: voie des Diables



15 aout 2002

Jeudi 15 août 2002, Vincent a migré dans son cher Diois natal depuis la veille et cela pour un week-end prolongé de 4 jours. N'ayant pu obtenir mon vendredi pour une sombre histoire de support minimum et de non-promptitude à imposer mon congé en ce jour, je ne pourrai émigrer a Châtillon que le vendredi soir. Aussi notre objectif se doit d'être a mi-chemin entre la capitale des Alpes et celle des chanterelles géantes, du rocher verdonnesque, de la Clairette qui pique et du picodon qui pue. Le Mont Aiguille s'impose logiquement, et cela malgré les légères réticences de Vincent à revenir sur ce cairn ou il n'eut pas toujours la chance de rencontrer un rocher des plus francs... Le choix s'arrêta finalement sur "la voie des Diables", une des plus belles du Mont Aiguille (sic!) selon le Coupé qui ne manque pas d'humour sur ce coup la...

Rencard peu avant la Grenonière, serrage de palluche, tri du matos et tout le tintouin... (... casque vissé sur la tête, pioches bien amarrées au sac, fuck l'haleine ça va y enquiller tels des balles de golf smashés sur une toile de tente!...)

Apres une approche fort rapide, nous nous retrouvons au pied de la face à contempler de gauche a droite Les Etudiants, Le Pilier Sud (voies toutes deux déjà gravies par Vincent du temps de sa jeunesse de skater drogué aux cheveux longs) et enfin la voie que nous projetons : la redoutable Voie des Diables. (De redoutable, elle n’avait pour l’instant que le nom…)

Une fois de plus je gagne à pile ou face le droit d’attaquer la première longueur. Je pars donc dans une fissure dièdre assez large. Première hésitation, faut-il rejoindre cette petite plateforme sur la droite qui pourrait être la 'niche' indiquée comme R1 dans le topo. Un essai pour la rejoindre n'est guère concluant, le friend placé plus bas est déjà loin, le pas ne ressemble pas a du III comme indiqué sur le topo et aucun piton n'est en vue pour m'attirer dans cette traversée. Je laisse donc la niche à gauche et poursuit par le dièdre. Arrivé en haut de celui ci, un replat se dessine mais de relais ni de point, toujours pas. Une traversée de 5/6 m en dalles sur la droite me parait être la seule solution. Un bon friend placé assez haut me permet de me rassurer quelque peu. Je traverse alors pour rejoindre le fil du pilier a la droite duquel se situe la ligne globale de la voie. Toujours aucun point en vue... La traversée a droite ne semble guère possible. Je reviens sur mes pas de quelques mètres et monte tout droit en direction d'un vague replat. Si il n'y toujours rien la haut, je vais passer de mauvaises minutes... Pas de pitons ni de marteau, si je me retrouve dans un cul de sac, il faudra que je choisisse entre une désescalade délicate ou l'abandon d'un camalot a 70 euros... Aussi, un ouf de soulagement accompagne la découverte d'un relais pourtant bien peu confortable.

Vincent attaque ensuite par la traversée du pilier. Les 7 pitons indiqués dans le topo sont loin d'être sur le terrain. Un dièdre facile au rocher mal emboîté fait suite et un spit rutilant éblouit Vincent qui ne voit pas un dièdre jaune bien pourvu de pitons. R2 sur spits en haut d'un éperon. Au-dessus, une ligne de spits parcourt une dalle compacte et est séduisante à première vue. Elle n'a que peu de rapport avec le topo, pourtant je m'y engage. Je dois vite me rendre à l'évidence que ça passe pas en libre pour moi. Soit, je tire au clou gaiement... 3eme point, ouah, con ça s'énerve, une petite pédale, ça passe pas, je raccourcis celle ci au maximum pour me hisser le plus haut possible... quelle merde... j'arrive pas a me défaire de ce pas sur gnaquette, le piton suivant est trop loin et les prises de main bien fuyantes... ça pue par là... Retour a la case départ, tergiversation, "pff, il fait chaud, là..., tu veux pas paumer un chausson, qu'on ait une bonne excuse pour se casser..." Vincent retrouve un semblant de motivation pour s'attaquer au dièdre jaune qu'il avait snobé quelque temps plus tôt. A ce moment si ça n'avait tenu qu'à moi, nous serions peut être en train de taper joyeusement des rappels pour rejoindre nos sacs esseulés qui devaient trouver le temps long...

Finalement, le dièdre est vite avalé par Vonk, presque intégralement en libre. Relais sur un spit isolé, mais plus rassurant que l'ancien relais sur piton dans un endroit ou le rocher inspire peu confiance. Au-dessus, je m'élève dans un mur gris puis débouche sur une vire étroite. D'après le topo, il faut traverser sur la droite sur une bonne distance. En fait au bout de 3 mètres un piton indique la suite, droit au-dessus. Un passage en rocher rouge mal imbriqué et j'arrive au relais. Un mousqueton est visible sur la droite d'une conque en rocher rouge. La suite semble bien être par la. Vincent me rejoint et s'élève donc prudemment dans un rocher déliquescent. Il place un friend, puis 2, dans une fissure qui marque le bord gauche de la conque. Il doit maintenant traverser sur 3m pour rejoindre une fissure salvatrice. Le passage est peu évident : les prises sont petites mais surtout, elles ont une tendance très marquée à rester dans les mains et partir sous les pieds. Vincent finit par passer et n'est pas mécontent de pouvoir placer un friend de l'autre cote de ce passage abject. Le mousqueton est facilement atteint mais celui ci est fixé à un pauvre câble d'un autre age. Au-dessus pas de trace d'équipement... Quelqu'un a donc suivi la même mauvaise voie que nous et a préféré se faire mouliner sur le coinceur mal imbriqué que de continuer! Cela n'inspire guère confiance pour la suite. Pour Vincent le choix n'et pas facile: soit il confie son poids au câblé et redescend jusque moi, le tout en traversant fortement pour récupérer les 3 camalots, soit il force le passage et prend le risque de se retrouver dans une position encore pire que celle a laquelle il doit déjà faire face... Apres quelques hésitations, il part vers le haut, réussit à placer un friend et s'échappe finalement, en traversée ascendante a gauche vers une vire ou il trouve un relais.

Avant de le rejoindre, je me penche à gauche et découvre un piton confirmant que nous avions à nouveau fait le mauvais choix. Mais bon, comme ça, Vincent a fait 2 longueurs en une!

La suite propose un rocher de meilleure qualité et un équipement qui, en comparaison de la longueur précédente semble pléthorique! Aussi, notre moral qui n'était pas au mieux s'améliore sensiblement et j'attaque la longueur nettement plus confiant. Un bout de corde qui pendouille semble indiquer un pas d'A0. Je passe sans toucher a la corde et continue vers la gauche en suivant la ligne de pitons. Un relais se trouve quelques mètres a gauche, alors que je n'ai fait que 15m. J'espère bien pouvoir sauter ce relais et continuer donc droit. Seulement, au-dessus d'un extra plat qui bouge passablement dans son logement, je ne vois plus rien qu'une dalle, en fort bon rocher mais raide et peu prisue... Pourtant pas de doute, je suis bien sur la bonne voie, en plus c'est du V+ d'après le topo, ça va y enquiller! Je me retrouve après quelques mouvements assez fins sur prises plutôt fuyantes avec le piton au niveau des pieds et je ne vois toujours rien d'autre que cette dalle compacte qui ressemble plus a du 6c qu'a du V+! Je me rends vite compte que je ne passerai pas. Mais comment redescendre sans se prendre un plomb sur ce piton qui a la bougeote!? Putain, pas évident, je manque franchement de peu de me la coller et c'est avec soulagement que je fixe un mousqueton de but sur le piton et que je me laisse mouliner vers le bas... Bon, on est bien avancé maintenant! Décidément, quelle voie de pute, et quel topo lamentable! Et si...? Et si le bout de corde qui pendouille bêtement a mes pieds ne servait pas à passer tout droit en artif comme j'en étais encore convaincu il y a cinq minutes, mais qu'il aidait à traverser a droite cette dalle en contrebas a laquelle je n'avais même pas prêter attention? De toute façon, il faut bien essayer! Je m'étire avec la corde en main gauche, les pieds à plat... La pute!!! Un piton! C'était donc ça!!! Je rejoins alors un dièdre cheminée et arrive rapidement au relais.

Vincent torche la longueur suivante, qui zigzague allégrement jusqu'a une vire bien marquée. Cette fois on tient le bon bout: un dièdre athlétique qui se prête merveilleusement au placement de friends, une grande longueur en rocher moyen en ascendance a droite et a l'ombre d'un grand toit et enfin la traditionnelle longueur de sortie en II+ en rocher pourri et nous voila sortis. La voie est derrière nous, ce n'est pas pour nous déplaire...

On met le turbo dans les rappels et on gratte au passage une bonne dizaine de guedjs peu pressés.

De retour aux sacs, nous essayons de comprendre, avec plus ou moins de succès, quelles furent nos erreurs sur la moitié inférieure de la voie… Meuuunainheunpfff…(Comme dirait Rocard, le fils d’Yves) un vrai casse tête. Parti sans doute nettement trop a gauche, nous avons du rejoindre la voie au niveau du spit au pied du dièdre jaune (mais alors quelle était cette ligne de spit a droite ??) pour reperdre l’itinéraire le temps de la longueur clef de Vincent…

Matthieu Bordin