Warning: main(http://paleo.blms.free.fr/menu/menu2.php) [function.main]: failed to open stream: Network is unreachable in /mnt/107/sda/4/e/paleo.blms/php/template_recit.php on line 22 Warning: main() [function.include]: Failed opening 'http://paleo.blms.free.fr/menu/menu2.php' for inclusion (include_path='/mnt/107/sda/4/e/paleo.blms/include:.:/usr/php4/lib/php') in /mnt/107/sda/4/e/paleo.blms/php/template_recit.php on line 22 ¿Qué hora son mi Cullason?Couloir nord du Grand VanMardi 7 décembre 1999L'objectif de cette belle journée est le couloir nord du Grand Van dans le massif du Taillefer. En fait de couloir il s'agit plutôt d'une belle ligne glacière haute de 500m mais pas trop dure qui côte III/3. Max et moi nous donnons rendez vous chez moi à 7h, horaire a posteriori bien tardif compte tenu de la longueur de la course. Max comme d'habitude a sa petite dizaine de minutes de retard et qui plus est, la route du Poursollet n'est pas déneigée dès 1450m, ce qui rallonge la marche d'approche d'une bonne heure par rapport à notre estimation. Tout cela pour dire qu'à 8h10 quand nous faisons nos premiers pas, il nous paraissait déjà moins évident d'arriver à temps pour le cours d'anglais de Max à 17h00, sans parler de son rendez vous chez le coiffeur à 14h00… Après le passage d'un pseudo col à 1730m la route redescend de 170m puis remonte de pratiquement le même dénivelé et ce n'est qu'après une deuxième descente que l'on parvient aux chalets du Poursollet vers 9h45. De ce point, le couloir nord est bien visible et paraît bien fourni en glace. Les deux cascades parallèles de 50 mètres qui marquent la fin des difficultés sont particulièrement esthétiques. Max a oublié sa bouffe si bien qu'en mangeant chacun une barre de céréales nous venons d'engloutir la moitié de nos victuailles ! Mais bon, je ne suis pas en reste, je n'ai ni huit ni plaquette et pour couronner le tout, ni l'un ni l'autre n'a pris sa frontale : un partout la balle au centre. Nous nous dirigeons vers le pied du couloir en suivant les traces d'une ancienne cordée, mais malgré celles-ci la progression est rendue lente et fatigante : on enfonce une fois sur deux jusqu'aux genoux. Nous sommes heureux de pouvoir souffler un peu au pied du premier ressaut en glace, ressaut qui disparaît plus tard en saison sous des tonnes de neiges provenant des avalanches parfois ici monstrueuses. C'est ici que nous nous équipons donc. Baudriers, crampons, on sort aussi les piolets mais les cordes restent dans les sacs, le ressaut étant court et peu incliné et précédant encore une grande pente facile. On progresse alors assez rapidement le long du petit glacier fossile qui présente malgré tout d'authentiques séracs, crevasses et rimaye et on arrive rapidement dans une petite cuvette d'où au moins cinq lignes de glace sont évidentes. La notre est la troisième en partant de la gauche. Elle présente une belle goulotte qui s'incurve sur le haut vers la gauche. La suite est caché, mais on devine qu'il faudra encore traverser sur la gauche avant d'atteindre la base de la cascade finale dont on aperçoit à peine le sommet d'où on est. Nous remontons le couloir issu de la première goulotte tout en discutant de la difficulté à skier la grande diagonale qui barre le Rocher Culasson : tout cela est loin d'être en condition… La première partie de la goulotte étant relativement peu raide (65°) nous ne nous encordons que sur une vire de neige 40m plus haut. Malgré tout cette longueur est de toute beauté et sera immortalisée par une bien belle photo quelque peu gâchée par la gueule toute " bordinienne " que je tire. J'attaque la longueur suivante, dont la raideur ne dépasse pas 80° qui hormis un passage en glace cassante ne présente pas de grosses difficultés. Au bout d'une bonne cinquantaine de mètres, j'ai la bonne surprise de découvrir sur ma droite un relais sur spit. Cette longueur étant plus grande que le plus petit de nos brins (et oui en plus de tout ça on avait des cordes dépareillés, une de 45m et une de plus de 50) il fallut un peu de patience et pas mal d'injonctions pour permettre à Max de se rattacher au plus petit des deux brins… La troisième longueur est du même acabit que la seconde en un peu plus courte (40 mètres). Max l'enchaîne rapidement pendant que je m'escrime à éviter les parpaings qui se précipitent sur moi en rebondissant sur chaque rive de la goulotte. A chacun son tour : la prochaine longueur allait inverser les rôles. Pendant que je m'engageait dans un ressaut peu raide (70/75°) mais très peu fourni en glace, j'entendais le Max jurer de faire gaffe, qu'il s'en prenait plein la gueule… Pour gagner un peu de temps (de manière bien anecdotique par rapport au retard accumulé jusqu'à présent..), je n'avait pas brocher dans ce premier ressaut. Au dessus, surprise ! Plus de glace et les quelques ridicules bouts de neige agrippés à cette rampe rocheuse ne permettait décemment pas d'appeler cela du mixte. Je grimpe donc cette longueur en rocher facile avec les plus grandes précautions et trouve, alors que je suis presque en bout de corde un béquet un peu branlant mais bien venu pour y poser mon relais. Cette longueur certes jamais difficile aurait tout de même mériter un petit point d'assurage… A ce point, un léger doute sur l'itinéraire me survient. Ne fallait-il pas traverser à gauche avant ? D'où je suis, je ne peut rien voir. Un épaule de rocher quinze mètres plus haut me bouche complètement l'horizon. Si Max une fois arrivé la haut me dit que ça ne devait pas passer par là, il sera alors plus sage de rebrousser chemin définitivement étant donné l'heure tardive. Max me rejoint, attaque la fin de la rampe puis disparaît de ma vue. Quelques minutes passent, la corde reste immobile puis lentement se tend avant de rester figée pendant un temps qui me paraît interminable. Enfin Max surgit en haut à droite de l'épaule où il fait relais. Je le rejoins en montant directement à lui. Il m'explique que par là où il est passé, c'est à dire par derrière la petite arête que formait la fin de la rampe et qui me cachait de lui, c'était pas donné et qu'il avait failli s'en foutre une, suite à une prise qui avait eu la mauvaise idée de rester dans sa main… Ceci dit la suite s'annonçait sous de meilleurs auspices que quelques minutes plus tôt : en effet les cascades terminales n'étaient plus séparées de nous que par une vire sympathique et esthétique puis une pente de neige assez inclinée mais sans difficultés. C'est ainsi qu'après cent mètres en corde tendue, je peux passer une sangle autour d'un gros bloc au pied de la cascade de gauche. Nous commençons à être très fatigués, il est 14h45 et plus que deux heures de jour ! C'est donc sans protestation que je laisse la dernière longueur à Max. Il attaque rapidement par un passage proche de la vertical puis monte encore de 40m dans des pentes moins soutenues (80° maximum). Il relaye alors sur broches à moins de 5 mètres de la fin de la cascade et des difficultés. C'est donc heureux d'en finir que je m'apprête à le rejoindre. Je prends mes gants, les tape entre eux pour enlever la neige qui était rentrée dedans et là je vois ma dragonne power track tomber mollement au sol et s'engager dans une course lente mais inéluctable vers le bas, avalée par le vide. Je m'en tape , ce que je veux c'est sortir. Je bricole vite fait une dragonne avec une sangle puis m'engage dans la longueur. Au bout de quelques mètres mon crampon droit se défait… décidément. C'est épuisé que j'arrive au relais où Max doit attendre depuis un certain temps. J'ai rarement eu autant mal au bras dans une longueur en glace loin d'être extrême pourtant. Il est 15h30, nous sommes sortis des difficultés mais il reste encore 300m de dénivelé pénible dans une grande pente où le vent a mis a nu un éboulis instable. A 16h15, on arrive enfin au col du Grand Van, et paradoxalement, alors que le soleil est déjà très bas sur l'horizon, nous goûtons à nos premiers rayons de soleil de la journée. Les couleurs sont magnifiques, le Rocher Culasson est d'un rouge profond. Mais malheureusement, on ne peut pas se permettre de profiter de ce spectacle trop longtemps…Nous ne connaissons pas la descente et en plus, celle ci ne semble pas être particulièrement évidente : il faut remonter légèrement, puis traverser jusqu'au Pas de la Mine avant de suivre la longue et plate arête de Brouffier. Il faut rappeler que nous avons terminé notre dernière demi barre de céréales en haut des cascades terminales et qu'il ne nous reste pratiquement plus d'eau ce qui fait que nous n'avons plus la pêche des grands jours. Je force le pas en surveillant de temps en temps que Max me suit toujours à distance. Les dernières lueurs s'éteignent peu après le pas de la Mine. La suite est interminable sur ce plateau peu pentu en neige soufflée et irrégulière. Un pas, nous restons en surface puis les cinq suivants nous " cassons la croûte ". La progression devient lente. L'hypoglycémie se rajoutant à la fatigue, il nous arrive de faire des pauses assez longues en nous appuyant sur nos bâtons. Même dans cette position peu confortable, j'ai l'impression de devoir lutter contre le sommeil. Puis peu à peu, la crête s'incline, rendant la descente plus rapide. Plus bas, dans la forêt, nous nous asseyons sur nos sacs pendant de longues minutes en osant commencer à rire du bon tour qu'on vient de jouer. La voiture n'est plus loin, nous l'atteignons à 19h40. A sept heures près, Max aurait même pu aller chez le coiffeur. Matthieu Bordin |