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Notre nouvel objectif fut la voie " Guell Verney " à Tête d'Ours. Une voie attirante pour plusieurs raisons : un engagement certain (près de mille cinq cent mètres de dénivelée, avec très peu de sentier et beaucoup de pierriers pour atteindre le pied de la paroi), une pureté dans le style qui laisse rêveur : les ouvreurs n'ont utilisé que douze pitons en plus de leurs coinceurs, et il n'en reste que quatre dans la voie. Sur deux cent cinquante mètres, on comprendra que ce n'est pas grand chose. Cette voie serpente donc dans les dièdres, fissures et cannelures d'un itinéraire quasiment vierge. Nous voici de retour aux origines de la grimpe ! Nous en ferons l'escalade en douze heures (car to car) le 18 août 2000. De belles longueurs très raides (allant jusqu'à 6a), un rocher correct sur cent cinquante mètres, puis véritablement incertain sur les cent mètres restants. Des relais sur coinceurs, du martelage de pitons, de la recherche d'itinéraire, tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette journée un grand moment. Ce fut long, il y eu un brin de tension (les voies sans aucun équipement en génèrent toujours plus que les lignes en spits de 12...), quelques beaux passages, un environnement des plus sauvages, une vue imprenable sur le Couloir Maximin, et surtout, ce fut un très bon souvenir. Quelques petites remarques tout de même. Le temps, tout d'abord, qui fut assez menaçant toute la journée, sans toutefois donner les orages annoncés en fin d'après-midi. La Menace, ensuite, qui a découvert au cours de cette journée (on en apprend tous les jours) qu'un appareil jetable n'est pas fait pour être jeté en pleine paroi : après deux cent mètres de vol, on a beaucoup de mal à le retrouver... Quant à moi, jamais exempt de tout reproche, c'est une dégaine que j'ai envoyée par le fond en récupérant un coinceur... Un partout, et une cordée de maladroits !

Deux belles sorties en résumé pour cette nouvelle semaine à Vénosc, deux beaux souvenirs, des moments forts d'escalade, de gestion du mental, des instants un peu " terreur " comme les apprécient tous les amoureux de l'adrénaline. Au travers des épreuves que nous avons du traverser au cours de ces aventures, une chose demeure, et c'est ce qui nous est le plus cher. Vous me voyez venir, n'est-ce pas, je vais vous parler de notre devise, puis la citer...Eh bien non ! Le plus important, c'est cette solide amitié qui se renforce chaque jour au fil des épopées vécues en paroi. C'est là un beau cadeau supplémentaire que nous fait le monde exceptionnel de la montagne.

Romain de Lambert