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7 decembre 2002, Carton a la Roche d'Alvau.Recit de la course la plus longue...Cela ne prétend pas être de la littérature, mais juste le témoignage d'un véritable calvaire médicale. La santé, contrairement à ce que je pensais, n'est pas une donnée intrinsèque de chacun. L'air des cimes est devenu aujourd'hui un souvenir, tous ces moments de vie formidables font maintenant partis d'un passé bien nostalgique. Si, et j'y adhère, les plus belles performances sont celles qui durent, on ne peut pas dire que mon parcours alpin est une oeuvre d'art. Chance ou malchance, peu importe comment j'en suis arrivé là. Mieux vaut ne pas trop chercher d'ailleurs...
L'hiver semble déjà être là en cette fin d'automne 2002. La neige n'est pas abondante en montagne mais l'inter saison relativement pourrie a permis de conserver de bonnes conditions dans les couloirs de haute montagne. Ainsi, lors d'une escalade (dalleuse bien sur) a la Tête de la Maye quelques semaines auparavant, nous constations, Matthieu, Romain et moi, que le Mayer-Dibona en face NW du Dôme était en grande partie en neige. Rendez-vous était pris pour marquer le début de la saison de glisse dans le vallon de Bonnepierre. Ce fut chose faite le 1er décembre. Un peu a l'image d'octobre 2000 avec le Glacier Long a l'Ailefroide, la saison de pleines pentes 2002 commencait bien, et commencait fort. Une semaine après ce franc succès nous décidons de skier un itinéraire reconnu depuis le Mayer dans le versant SE de la Roche d'Alvau. Si la ligne ne parait pas extrêmement raide, elle est relativement tortueuse, longue et sort sur un sommet certainement peu parcouru. Cela en fait un projet attirant. Mariane travaille en ce samedi 7 décembre et déposera Maïa chez la nourrisse pendant que Max, Matt et moi prendront la route de l'alpe pour ce qui sera la course de trop. Cela parait facile a posteriori mais quand même, certains faits troublants, identiques a ceux ressentis le jour de l'avalanche au Mont d'Armène ou Christian Grand s'est tue méritent d'être décrits ici: - Je n'ai pas faim et le petit déjeuner est avale de force. - Lors de la montée je n'ai pas de bonnes sensations physiques, le coeur n'y est pas, les jambes ont peine a suivre et je dois me faire violence pour trouver un rythme. D'autres suivront, comme une sorte de mal être difficilement à écrire. FInalement, comme peut-être souvent, je passe outre ces malaises pensant que comme toujours, le plaisir viendra avec l'action. Le grésil frappe le visage au gré des passages nuageux. Il semble que le mauvais temps est cantonne dans notre vallon alors que tout autour le ciel est limpide. Une certaine puissance se dégage de ces lieux désertés. Petits hommes discrètement poses sur ce bout de moraine, dérangez-vous la haute montagne qui s'endort avant l'hiver ? Bien qu'il me semble être plus attire par le versant N du Flambeau (en fais-je part a Matt ou Max ?), nous restons sur notre projet initial et obliquons sur la gauche. Il fait toujours très froid, le vent souffle en rafale et les nuages se dissipent. Nous montons prudemment sur la neige ventée des pentes d'accès aux premiers couloirs. Ainsi, quand nous troquons nos skis pour nos crampons, un changement d'ambiance s'opère : Nous sommes au bout de l'approche et l'ascension finale va commencer. Le soleil nous accueille de ses rayons et apporte chaleur et vie, nous baignons dans une lumière jaunâtre d'une rare beauté. La neige dans cette première partie est changeante, souvent une croûte glacée rend la progression pénible. Quelques dizaines de mètres plus haut, le couloir forme un Y et, pendant que je filme quelques images avec la camera de Max, je suggère a Matthieu de prendre la branche de droite. Rapidement, on s'enfonce et la trace devient pénible. Je me souviens avec précision de ces quelques instants, ceux où tout bascule, au sens propre comme au sens figure: Matthieu pousse du bâton une accumulation de neige, machinalement je m'écarte de son axe mais rien ne se passe. Je dis quelque chose du genre "Ca pue par ici !". Il acquiesce mais nous poursuivons. Maintenant tout est joue, quelque part les choix n'ont pas été les bons et nous allons le payer. Matthieu est juste devant moi quand la pente se fracture, d'abord au-dessus, puis sur notre gauche. Je tente de résister mais, en douceur, je suis inexorablement attire vers le bas. J'hurle vers Max, en vain. Un choc me brise les os. Nous allons mourir, c'est sur. Je ne vois pas ma vie défiler non, je pense a Mariane et a ma promesse non tenue. Oui, c'est encore arrive. Oui, on a fini par y mourir. Je m'en veux énormément d'en être arrive la, j'étais pourtant de bonne foi. Ca y est, je vais voir la mort. Mais que c'est long. On est chahute, on cogne, on roule, on se tape, et cette jambe qui se fait essorer...J'entend le bruit de la montagne, et mes râles de protestation contre ces mauvais traitements. Puis cela s'arrête. Dommage, j'aurai préfère ne pas mourir étouffé sous la neige. Mais non, il y a de la lumière, je suis donc vivant, blesse mais vivant. Curieusement, je suis persuade que Matt et Max sont ensevelis et dans mon état je serai incapable de les aider. Vais-je au moins parvenir a descendre ? Une courte pensée vers ce qui m'attend, le parallèle avec la mésaventure de Joe Simpson me vient a l'esprit et me donne des frissons. Ma jambe gauche est tournée vers l'arrière, je la ramène dans une position plus conventionnelle et constate les traces de sang sur la neige, et maintenant sur mes mains. Une voie appelle, celle de Matthieu je crois, je me retourne et vois avec surprise mes deux compagnons quelques dizaines de mètres au-dessus. Finalement personne ne mourra aujourd'hui, au sens premier du terme en tous cas. Max ayant un ski casse c'est Matt qui, malgré une entorse du genou, descendra prévenir les secours. Une longue attente commence. Bien sur il fait froid. Plusieurs fois je crois entendre le bruit d'un hélico mais les faces nord alentours restent notre seul horizon pendant plusieurs heures. Est-il arrive quelque chose a Matthieu ? Y-a-t-il eu un problème avec l'hélico ? Quoi qu'il en soit il faut faire quelque chose, le soleil va bientôt disparaître derrière les sommets et notre attente deviendrait très pénible ici. Je vide le reste de mon sac, pose ce qui me reste de jambe dessus et commence a me laisser glisser dans la pente.Une trentaine de mètres plus loin, alors que je constate que la descente dans ces conditions est un calvaire, une bruit de turbine retentit. Cette fois ce sont bien nos sauveurs. L'engin bleu entame une rotation en aval puis vient nous caresser de ces pales dans une douce odeur de kerozen. Deux hommes jaillissent du cockpit et l'hélico s'éloigne a nouveau. Creuse conversation et me voila bardé d'un harnais. Visiblement les hommes s'aperçoivent de mon état et décident spontanément de me transporter dans un brancard. Max est d'abord descendu vers la Bérarde. Puis, après une ballade aérée suspendu sous les pales de l'engin suivi d'un atterrissage sur un replat du glacier, me voila glissé dans l'habitacle exigu. Il fait chaud par ici. Le trajet s'effectue a vitesse de tortue et nous atterrissons, via les 2 Alpes et le Col du Lautaret, a l'hôpital de Briançon. "- Ca va ?", me demande l'urgentiste. Cette question, posée naturellement, appelle une réponse bien différente selon l'angle de vue. Et si le lot quotidien de mon interlocuteur est d'accueillir des blessés, pour ma part ma position est pour le moins inhabituelle et inconfortable. Il faudra pourtant s'y habituer, je ne suis plus en bonne santé et cela va durer. Des bras s'agitent autour de moi, un liquide chaud coule dans mes veines, un air tiède réchauffe mon corps. "- Comment allez-vous faire pour m'enlever ma chaussure ? demandais-je. ![]() ![]() Alors que l'esprit ne rejoint que très lentement son hôte, j'entend quelqu'un s'étonner devant l'"explosion" (je cite) osseuse visible sur la radio qu'il observe. Je ne prête pas attention. Peu après, le médecin qui m'a tenu la main jusque là s'approche d'un air grave: "L'articulation est touchée...de nos jours tout se répare...ce sera long." Et voilà la première claque donnée pourtant, une fois n'est pas coutume, avec tout le tact possible. A vrai dire je ne comprend absolument pas ce qu'il veut me dire mais je suppute que mon état nécessitera un coup de pouce chirurgical. Dans la foulée, le Docteur Chol, chirurgien de son état, débarque, vêtu d'un anorak digne des années 70. Il poursuit dans le même registre: "Je vais vous opérer, ne vous en faites pas, des cas comme ça on n'en voit souvent, etc.". Il reviendra sur ce dernier point quelques mois plus tard lors d'une discussion téléphonique en m'annonçant que "heureusement, de telles fractures on n'en voit pas tous les jours". A croire qu'il existe une façon particulière d'annoncer les mauvaises nouvelles dans le corps médical Briançonnais. Malgré mon insistance pour avoir une anesthésie générale, le médecin m'impose à grands coups de mauvaise foi une rachis anesthésie. Evénement à confronter avec le point n°3 de la "charte du patient hospitalisé", fièrement affichée dans les couloirs de tous les services hospitaliers ! J'ai donc, trois heures durant, tout le loisir d'entendre, de sentir et de ressentir le fantastique tango mécanique se déroulant sous mon nez. Mais bon, il faut avouer, aidé par une forte concentration en produits stupéfiants, que j'ai finalement vécu cette expérience avec beaucoup de détachement et dans un état de quiétude tout à fait en décalage avec les évènements. Ainsi, lorsque le chirurgien dit à ses assistantes qu'il en a terminé, j'envoie un petit: "Alors docteur, vous êtes content de vous ?". Je me vois signifier froidement que je me suis "bien abîmé". En somme, que je ferai rapidement moins le malin. Un peu plus tard, j'ai droit aux premières explications, qui me seront répétées systématiquement par quiconque de la profession qui observera mes radios, c'est-à-dire: Une phrase en résumé: Je ne retrouverai pas mon genou. ![]() ![]() Mon séjour à Briançon se poursuit à grand renfort d'antalgiques plus ou moins puissants. Les douleurs sont grandes et je suis très affaibli. A J+3 la kiné commence avec des exercices de flexion passive: Des le début cela pli plutôt pas mal, même si aujourd'hui j'ai conservé un déficit d'une vingtaine de degré. Premier lever à J+5, sensation que la jambe va exploser à cause de l'afflux sanguin. J+11, transfert vers le centre de rééducation de Saint Hilaire du Touvet après moult insistances auprès de l'infirmier chef pour obtenir une poursuite des soins en établissement spécialisé. Celui-ci me répondant calmement pendant deux jours que sans piston, je n'ai qu'à resté chez moi en attendant que tout se soigne tout seul. Ma gorge se serre quand l'ambulance traverse l'agglomération Grenobloise sans s'arrêter. Ces sentiments seront exacerbés en arrivant sur place et constatant la débilité de mon voisin de chambre. Quand Mariane arrive, je m'écroule. Le soir venu impossible de fermer l'oeil, aidé par un voisin ne pouvant se passer de télé pour s'endormir. Je vais voir les infirmières et leur explique sereinement que je ne peux pas rester ici, qu'il faut que je rentre chez moi. Le message sera transmis demain... Le lendemain, une place m'a été obtenu pour le lundi suivant à l'hôpital de jours de Rocheplane à Meylan. Dans le même temps, l'examen Dopler donne un coup de pouce aux médecins qui voulaient me garder en diagnostiquant une phlébite nécessitant 2 jours d'alitement. Je dois toutefois reconnaître la qualité des soins du centre de Saint Hilaire, la disponibilité des médecins et des kinés jouant pour beaucoup dans cette appréciation. Ainsi, le Docteur Ruhl, pratiquant la montagne, a passé spontanément 1 heure à m'expliquer sa vision de mon état, comment il envisageait ma vie maintenant, etc.. En bref, il a fait de la psychologie, même si ses vérités ne faisaient pas plaisirs à entendre. Premier week-end à la maison, on se rend rapidement compte l'environnement n'est pas vraiment adapté à l'usage des béquilles. Début d'une longue rééducation quotidienne. Les douleurs diminuent. Le genou se solidifie lentement, cela se sent. Seule la cicatrice au niveau de la fracture ouverte n'évolue pas favorablement. Au gré des infirmiers et de leur savoir faire, une des deux vis de maintient de l'ancrage du tendon rotulien pointe son nez. Nous sommes à la fin de l'hiver... On m'avait prévenu du caractère "spécial" du Pr. Saragaglia. Si je n'ai pas trouvé l'homme particulièrement antipathique lors des premières consultations, j'allais avoir par la suite tout le loisir (et le temps) de constater la froideur du personnage. Je me demande vraiment quelle satisfaction peut-il tirer de soigner ses patients, compte tenu du mépris qu'il leur témoigne. On est libre de choisir son médecin, m'a-t-il dit une fois où je posais trop de questions. Et c'est vrai, il faut finalement être bien désespéré, ou faire confiance aux "on dit" sur la réputation du praticien pour n'être toujours pas allé consulter ailleurs. Il flaire quand même le mauvais coup en observant ma plaie courant janvier, et propose un retrait de la vis rebelle rapidement. Début avril, j'ai droit à un appui partiel sur ma jambe. L'appui complet devant être obtenu 1 mois plus tard. Je ne peux toujours pas conduire normalement c'est donc en ZX modifiée que je me présente à l'hôpital Sud pour recevoir le coup de tournevis censé me rendre à courts termes mon étanchéité. Les semaines passent et je boîte énormément. Malgré des amplitudes de mouvements correctes, du moins en extension, l'articulation manque de souplesse d'où un déséquilibre à la marche. Je lâche définitivement les béquilles au mois de mai mais la marche reste pénible. Seul le vélo m'apporte un peu de réconfort sportif et un rapport douleur/plaisir acceptable. Je quitte le centre de Rocheplane et reprend le travail à plein temps. Visite à l'hôpital 5 semaines plus tard, la plaie reste suintante et le chirurgien admet que le problème persiste. La stratégie annoncée qui sera, comme à chaque fois, complètement décalée dans le temps est la suivante: 15 jours d'antibiotique (Orbenine), puis opération si mon état ne s'améliore pas. Un mois et demi plus tard on est toujours au même point. Lors d'une visite au mois de juin, le Pr. Saragaglia me propose un rendez-vous pour une ablation du matériel d'ostéosynthèse en septembre, craignant une re-fracture en cas d'enlèvement prématuré. Devant mon insistance à poser des questions et après avoir mis en évidence quelques zones d'ombres, ou zones de mauvaise foi, il coupe court à la discussion. Il ordonne à l'infirmière de lui préparer le matos pour une anesthésie locale, afin de procéder à une petite opération impromptue. Et me voilà, allongé sur la table, serrant les dents, en train de me faire triturer l'os. L'objectif affiché est de nettoyer en profondeur au niveau du pas de vis. Malheureusement, cette intervention aura pour seuls résultats de me faire un trou abjecte dans la jambe, m'interdisant de faire moi-même mes pansements, d'ouvrir la porte à toutes les saloperies du monde et indirectement d'annuler nos vacances en Corse. L'été se passe comme cela: Quelques semaines de vacances en famille où les ballades à pieds sont réduites mais les sorties VTT deviennent intéressantes: Je fais quelques descentes, et les douleurs tendent à s'atténuer à la montée. Cela ira de mieux en mieux jusqu'à l'intervention du 30 septembre ayant pour objet d'enlever la quasi totalité du matériel. Un troupeau d'infirmier, de médecins, d'internes Polonais s'agitent autour de la table d'opération. L'anesthésiste envoie un produit dans la perfusion. Lentement les sons deviennent lointains. Sensations sans rapport avec la ketamine, mais ressemblant tout à fait au malaise que l'on ressent lors d'une crise d'hypoglycémie. Trou noir. Je me réveille rapidement, et une immonde douleur me tiraille la jambe. Une bande d'anesthésistes s'approche, me proposant, afin d'atténuer les douleurs, d'aller titiller un nerf au pli de l'aine, puis d'y injecter un anesthésiant. Peu ragoûté par la méthode, je temporise...Pas longtemps, c'est vraiment insupportable. Ainsi, je succombe au charmes des maîtres des nerfs. Bien m'en a pris, après une petite torture électrique sous-cutanée, me voilà effectivement soulagé. Pour moi l'opération est finie, et maintenant tout va aller de mieux en mieux, je n'ai pas encore eu vent de la réalité. ![]() ![]() Quelques heures plus tard le chirurgien passe dans ma chambre et m'annonce les nouvelles: Sous la plaque de maintient du plateau tibial, un trou du diamètre d'une petite noix perce mon os jusqu'à la moelle. Il a envoyé la substance pour analyse et espère un résultat positif. A peine le temps de réaliser qu'on aurait pu faire meilleure trouvaille, et me voilà seul dans ma chambre. Le détail "plus": Mon tibia étant ainsi fragilisé, j'écope de deux mois de béquille. D'une manière générale le corps médical est avare en explication, et ne s'embarrasse pas de considération psychologique envers les patients. Chose exaspérante, on ne comprend pas l'utilité d'expliquer à un malade sa maladie. Combien de fois m'a-t-on répondu "Faites confiances" ? Facile à dire quand en plus on relève des incohérences, quand on s'aperçoit du flou dans lequel la médecine évolue. Bref, quand on se rend compte de l'empirisme caractérisé de cette discipline. Paradoxalement, plus on monte dans la hiérarchie des compétences, moins on arrive à obtenir des informations. Soit, après 2-3 discussions finies le chirurgien dans le couloir, moi sur mon lit, je pense avoir une idée claire de la situation: J'ai une infection à l'os et cela fait 10 mois que je me fais bouffer la guibole en silence. Et aujourd'hui personne ne peut me garantir la guérison. 14 octobre 2003. Décembre 2003: Les choses sont allées relativement vite. Quelques semaines après l'opération, la plaie se ferme, quelle libération ! Je suis en petite forme et, coïncidence ou pas, dès l'arrêt des antibiotiques j'attrape un rhume tenace. 1er décembre 2003, visite à l'hôpital: "Vous êtes guéri !" m'annonce le Pr. Saragaglia. Cette phrase je désespérais de ne jamais l'entendre. Il tempéra mes ardeurs en me lâchant qu'on ne guéri jamais complètement d'une ostéite et, sur un air à peine dissimulé d'autosatisfaction, poursuit en me disant qu'il a vu réapparaître des infections 40 ans plus tard. Autre bémol: Avant de partir je lui demande de regarder l'état des ligaments, sentant bien que mon genou est un peu mou et étant relativement ennuyé par un craquement désagréable lors de mouvements de larges amplitudes. En quelques manipulations sèches et précises, le diagnostique est fait: Pas de problème sur le croisé postérieur, par contre l'antérieur a reçu. Ce n'est pas une laxité majeure, mais le LCA aurait été rompu puis se serait recollé comme il a pu. Il poursuit en me disant que de toutes façons c'est innopérable avant 1 an à cause du trou causé par le staphylo. Curieux quand même, le chirurgien qui m'a opéré à Briançon et qui a eu tout le loisir de disséquer mon articulation m'avait affirmé que le LCA était "bon", mais que le LCP avait "certainement reçu". Je repars donc une fois de plus avec quelques doutes sur la médecine, mais avec l'autorisation de me tester. En sortant de l'hôpital je jette le carton jaune de l'hopital où sont inscrits mes rendez-vous...pas de rendez-vous suivant cette fois, serait-il tant de recommencer à vivre ? Vendredi 5 décembre, 5h: Maïa rentre silencieusement dans notre chambre. Je la recouche mais je reste levé et fini de préparer mes affaires. N'osant faire le pas, le choix de la veille, au retour d'une petite soirée chez Brigitte, a été: "si des fois j'ai des insomnies, j'y vais". Mariane est elle aussi réveillée et je lui annonce mon intention de remonter les pistes de Chamrousse avant d'aller bosser. Elle n'a pas l'air ravie ! Déjà sur l'autoroute je retrouve des sensations, celles que j'éprouvais lorsque je partais pour une grande course, une sorte d'excitation encore inhibée par l'heure matinale. Pourtant on ne peut pas parler de projet d'ampleur pour aujourd'hui ! En descendant de la voiture à Roche Béranger les flash back se poursuivent, j'avais oublié l'odeur de la montagne au petit matin. Toutes ces petites choses auxquelles je ne pretais pas attention parcequ'elles semblaient naturelles me reviennent... ![]() Sur la crête avant d'arriver à la Croix de Chamrousse, l'aube se lève sur l'Oisans et quelques nuages au dessus de la Meije embrasent l'horizon. C'est magnifique et je reste quelques minutes à contempler ce spectacle. Cette fois encore, la tension, bien présente à la montée s'estompe gentiment quand le moment de chausser arrive. Je vais y aller doucement, et si je ne le sens pas je descendrais a pied. Mais tout se passe bien, la neige dure, si elle secoue quelque peu, ne laisse pas de place aux surprises et j'arrive sans encombre au parking. Je suis tout émoustillé et ne trouve pas grand chose a dire a Brigitte, mon hôte de la veille, qui part pour une rando hors de portée pour moi: Les Vans ! Voila la situation aujourd'hui, il est temps de clore cette page, mais qu'elle fut longue cette course ! Et même si je compte bien faire mentir les médecins il faut reconnaître que la route est encore longue. Le genou ne se fera pas oublier de si tôt. Il faut apprendre à vivre avec, et intégrer le fait que les choses ne seront plus jamais comme avant. Faire comprendre à l'entourage que je puisse revivre des moments "extrêmes" malgré ce que l'on endure. Le plaisir d'être en montagne peut facilement être estomper par l'inquiétude de celles qui vous attendent en bas. Se redonner et surtout redonner confiance, la clé est certainement là maintenant. Warning: main(../bin/counters.inc) [function.main]: failed to open stream: No such file or directory in /mnt/107/sda/4/e/paleo.blms/html/recit_histoire_sans_fin.html on line 100 Warning: main() [function.include]: Failed opening '../bin/counters.inc' for inclusion (include_path='/mnt/107/sda/4/e/paleo.blms/include:.:/usr/php4/lib/php') in /mnt/107/sda/4/e/paleo.blms/html/recit_histoire_sans_fin.html on line 100 Fatal error: Call to undefined function: counter() in /mnt/107/sda/4/e/paleo.blms/html/recit_histoire_sans_fin.html on line 101 |