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Un Grand Pic de boulardise
Grand Pic de Belledonne


23 avril 2003

Il y a des jours comme ça, où on a vraiment l'impression d'avoir deux mains gauches... Si cela n'est que ridicule le temps d'une pause café au boulot, cela devient nettement plus génant dans une pente a 50 degres en neige dure...

Petit rappel des faits: après une nuit fort courte (réveil a 2h40), Olivier et moi avons pris la route pour le Rivier d'Allemont et sa piste carrossable qui permet de se garer à 1400m, à deux pas de la neige. Romain, qui n'a d'entrainement hebdomadaire que les frottements pourtant répétés des ces sliders sur le bitume se pense un peu juste physiquement pour torcher le Grand Pic en moins de 5 heures A/R. C'est en effet la condition qu'il nous faut remplir pour que j'arrive au boulot à une heure acceptable que j'ai fixée, un peu arbitrairement il est vrai, à 10h dernier carat.

4h10, c'est parti: petite mise en jambe rapide par le chemin rive gauche (sud et déneigé) jusque 1600m. Chaussage et c'est reparti, toujours sur un bon rythme. Au bout de quarante minutes, nous passons l'épaule rive droite vers 1870m. De l'autre coté (SSE), mauvaise surprise (à laquelle je m'attendais un peu), l'enneigement n'est pas continu. C'est parti pour une série de chaussage/déchaussage. A la descente nous éviterons ce passage par un col 200m plus haut (au NE). Le dévers pour contourner le lac de la Balmette, bien que ne faisant pas gagner de dénivelé se passe assez rapidement et nous attaquons la pente un peu plus raide pour rejoindre le passage au pied du névé Pelissier. En pleine série de conversions en neige assez dure (Olivier a mis ses couteaux, ses 4x4 ayant une facheuse tendance à se dérober malgré les peaux paraboliques), un baton m'échappe (c'est ça aussi de ne pas savoir de dragonnes...), il se stabilise quelques métres en contrebas et Olivier a tôt fait de le ramasser. Bon, j'ai fait ma bourde de la journée, on ne m'y reprendra plus, surtout que je n'ai guère le temps de me taper 200m de dénivelé supplémentaire au vu de l'horaire que je m'impose. Olivier me tend donc le baton fuyard avec une petite phrase laconique et prémonitoire, style "C'est toujours l'angoisse en pente raide de laisser échapper une merde...". Un "Oui oui certainement..." intérieur et c'est reparti.

Le névé Pelissier se laisse vite dévorer, l'écharpe, en bonne condition, également. Bon, jusqu'ici tout va bien. Je prends pied sur l'arète, traverse en face SE sur une vingtaine de metres. La neige s'interrompt sur qqs metres... cela va imposer un déchaussage. Dont acte, voyons la suite. J'attaque le couloir qui doit permettre de rejoindre l'arete. Arggg! un étranglement rocheux 15m plus haut se dessine. Même avec la meilleure volonté dry-skiesque et le plus parfait mépris pour ses semelles, ca ne passera pas non plus. Le bombé rocheux qui lui fait suite chasse de moi toute idée de chausser dans toute cette partie terminale. Certes, au dessus les 20 derniers mètres sous le sommet sont skiables et peu raides, mais la double manip qu'elle nécessiterait ne me parait pas en valoir la peine.

7h40 sommet. C'est une première pour ma pomme (honte à moi!). Olivier était, quant à lui, déjà venu avec Furious Fab, mais les conditions avaient été tellement deg (glace) qu'ils n'avaient pu chausser qu'en haut du névé Pélissier. Clic clac, quelques photos, un panorama depuis cette cime particulierement aérienne et puis déjà, l'appel de la montre me pousse à descendre alors qu'Olivier n'est pas encore au sommet. Bien sympa et compréhensif, il entame la redescente quand je le rejoins.

Le chaussage vers 2900m est peu évident, la neige est assez dure juste au dessus de notre micro vire rocheuse. A vouloir précipiter la manip, l'irrémédiable se produit: un ski m'échappe, je le vois glisser au début doucement mais résolument vers les 300m de barre de la face Sud Est. NOOOOON! Nos estomacs se nouent en un clin d'oeil... Et la, petit miracle, le ski, resté en position verticale s'arrete, le talon bloqué par une pierre! Quand on voit l'inclinaison de l'endroit, il y a de quoi halluciner...

Allons bon, j'ai épuisé mes tickets de chance pour aujourd'hui... Le pouls se calme et je récupère le fuyard.

- "J'ai failli arriver très en retard au boulot" souffle-je pour me calmer un peu.

8h00, nous chaussons. Arrivée sur l'arète et on bascule dans l'écharpe. De bonnes sections (en haut) puis de moins bonnes où la glace se fait sentir en faisant se dérober une spatule par ci, un talon par là... bref pas du très grand ski. On débouche en haut du Pélissier. La tension se relache. Je pose mon sac pour y remettre le piolet glissé dans la bretelle.

Comment au juste ai-je pu laisser échapper mon sac sur ce coup là, je ne le comprends toujours pas... Toujours est-il que le voilà déboulant à vive allure... point de rochers ici pour l'arreter...! L'histoire n'aurait pas été pas aussi drôle si le sac, pour une autre raison enigmatique, n'avait été ouvert au moment où il choisit de succomber à la pesenteur... Un crampon, par là, une pelle par ici, le manche qui suit, une bouteille un peu plus loin... tiens une peau ...inoui ce qu'il y avait dans mon sac...! Mais bon, partir light a eu l'avantage (entres autres) de ne pas trop rallonger la liste... Pourvu juste que l'appareil photo numérique ne succombe pas à pareille (hommage orthographique à la Menace) dégringolade... La scéance de carving sur le névé Pelissier s'est donc agrémenté d'un slalom un peu spécial sous forme de chasse au trésor. Notons tout de suite qu'un crampon s'arrete bien avant une peau mais que la pelle et la bouteille d'eau se partagent la palme du record de distance (quand meme plus de 300m de déniv...)

L'incroyable, c'est que j'ai tout retrouvé, ou presque (seule la pipette vissée à la susnommée bouteille ne fit pas poindre le bout de son embout violet... comme quoi!) Décidement, je les aurai toutes faites... Je ne sais pas ce qu'Olivier a pensé de tout ça, mais je n'étais pas très fier.

Une partie de carving à s'en faire péter les cuisses, quelques vernes bien mieux négociées que lors de ma visite trois jours plus tot avec Lily, et nous voilà bien vite à la voiture. Il n'est pas encore 8h50, nickel!! Mais que de maladresses et de chance. Décidement, la montagne pardonne certaines erreurs idiotes et grossières.

La réciproque semble malheureusement tout aussi valable...

Matthieu Bordin