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l'Aiguille Orientale du Soreiller :


Danse avec le Pilier


20 juillet 2000

[...] Pour Matthieu, fini les sommets ! Lily dispose d'une semaine de vacances, et le grand blond est bel et bien décidé à en profiter. Les sommets, on oublie, mais la grimpe par contre… Exit donc le Bordin, et repos pour le Lambert et le Max, qui passent un mercredi tranquille au chalet. Ballade à Bourg d'Oisans l'après-midi (achat de friends et autres bricoles), petite glace à l'italienne, petites courses, les deux grimpeurs se font plaisir par une très belle journée ensoleillée. Une bonne soirée au calme, puis ils repartirons le lendemain pour une course de rocher, histoire de ne pas perdre la main.

Notre choix se porte, après quelques hésitations, sur une belle voie de l'Aiguille Orientale du Soreiller : " Danse avec le Pilier ". Une oeuvre de l'infatigable Cambon, longue de trois cent cinquante mètres, cotée ED-. Parfait, juste ce qu'il nous faut pour nous faire plaisir et rester concentrés. Nous nous montrons peu réveillés en ce jeudi 20 juillet au matin. Le manque d'activité de la veille a fait naître une certaine inertie qu'il est difficile de chasser à l'aube... Bref, nous partons assez tard des Etages, où la Golf des Bertrand trouve une place pour se garer. Nous devons grimper jusqu'au refuge du Soreiller, aux alentours de deux mille sept cent mètres d'altitude, avant de traverser le cirque à l'Est de la très belle Dibona, pour trouver l'aiguille qui nous intéresse. La montée au refuge est rapide, même si nous n'étions pas partis pour faire " péter un chrono ". Le temps est splendide en cette matinée, et la Dibona nous en met plein les yeux. Une courte pause au refuge, le temps de boire un coup et d'avaler un peu de nourriture énergétique, puis nous repartons. Pendant une demi-heure, nous sautons de pierre en pierre et traversons des éboulis. La fin de la marche d'approche se déroule sur névé, puis ce sont déjà les premiers spits : nous sommes rendus au pied de l'objectif de la journée. L'altitude de départ frise les trois mille mètres, et nous allons grimper jusqu'à près de trois mille trois cents. Cela n'empêche nullement le Sieur Maxime de m'empêcher de prendre ma polaire, parce que, " ça fait du poids ". Facile de le blâmer me direz vous...je dois en effet avouer qu'à ce moment là, je me suis dit que cela pouvait passer avec un simple petit Carline T-Shirt. Nous ne prenons que le petit sac à dos de La Menace, mon Gabarrou quarante deux litres sera sagement rangé entre des pierres sur une petite vire juste au dessus du névé de départ. Quelques petits nuages épars se promènent ça et là, mais la météo a été formelle : une journée de grand beau temps sur le massif. Rien à craindre donc.

Les trois premières longueurs sont idéales pour se mettre en jambes : d'un niveau maximal de 5+, elles sont avalées rapidement, et nous nous réhabituons au granite. Dès la quatrième longueur, en 6a+, les premières difficultés commencent. L'escalade se fait plus fine, et en plus, les relais sont multiples. A la sortie de cette longueur, trois relais sont à ma disposition ! Je manque de corde, Max démarre pour me donner un peu de marge, et me voici vaché. En second, La Menace grimpe efficacement, et bientôt, se trouve avec moi sur ce petit relais des plus inconfortables. Il récupère les dégaines, me rend le sac à dos, et attaque droit dans la face, vers quelques spits de huit un peu vieux. Allons, pas de quoi s'inquiéter. Le voilà bientôt dans le pas de 6b de la longueur. Il se bat, pose les pieds, bourrine un peu aussi (il s'agit de Max, ne l'oublions pas !), et passe. Quelques mètres plus haut, un cri :

- " Aaaaaaaaaaaaaaah ! Oh putain merde ! La vache ! T'as vu ça ? C'est dingue ça !!! "

- Quoi, que s'est-il passé ? retorque-je, un peu inquiet.

- Un bloc de deux cent kilos vient de bouger, putain, il a failli partir. Il est juste au dessus de toi, barre toi !

- Bon, bon, voilà, je suis parti, dis-je à Max après avoir bougé d'un mètre en passant de l'autre côté de ma longe.

- T'as rien compris, barre toi, dévache toi, prend la corde, tire toi loin, à quelques mètres, je vais le balancer, sinon il peut tomber seul d'un instant à l'autre.

L'affaire a donc l'air sérieuse. Je me dévache, et traverse avec la plus grande attention sur une petite vire sur ma gauche, a quatre ou cinq mètres de là. Si je m'en colle une, j'en prends pour trente mètres avec rebonds multiples... Je trouve un relais en bon état, m'y vache, puis ravale la corde tant que je peux.

- C'est bon garçon, tu peux balancer, je suis prêt...

- OK, c'est parti, ça va envoyer !

Max appuie une poussée sur le bloc et ce dernier apparaît sous mes yeux. Effectivement, le machin est énorme, il file dans les airs dans un sifflement sourd, claque contre la paroi une première fois dans un grondement assourdissant, éclate, puis poursuit sa course folle vers le glacier. Quelques secondes plus tard, il s'écrase sur le névé du bas dans un lourd craquement. Soulagés, nous pouvons continuer, mais quelle chaleur. Toutes les cordées engagées dans des voies à la Dibona ou ailleurs dans le cirque ont entendu le remue-ménage ! Les aventures dans cette longueur ne sont pas encore terminées : quelques pas plus haut, plus rien : plus de points. Max ne sait pas par où passe la voie, et moi non plus à vrai dire, même si j'ai plus de recul vu où je me trouve. Tout à coup, je repère sur ma gauche un magnifique spit de 12, puis un autre plus haut. Merde, on s'est trompés depuis le début !

- Max, pose un rappel, c'est par là, il y a des spits béton, et ça continue !

La Menace pose son petit rappel sans broncher, et regagne la minuscule vire sur laquelle je suis recroquevillé. Il attaque sans plus attendre la vraie longueur en 6b, avant de passer en artif : le pas difficile est trempé. Un petit pas en 6a peu facile protège l'accès au relais suivant. Cette fois, nous sommes bel et bien sur le bon chemin !

La longueur suivante, un bon petit 6b des familles en traversée, puis en fissure ronde, est pour moi ! Elle sera le théâtre d'une longue bagarre, de placements fins, de bourrinage, et de lutte contre l'acide lactique. Quelques pas d'anthologie cependant. Au relais, j'ai froid. D'épais nuages sont maintenant venus voiler le soleil, et à près de trois mille deux cent mètres d'altitude, un T-Shirt est rarement suffisant pour avoir chaud dans ces conditions. Max arrive, fatigué lui aussi, peu enjoué à l'idée d'aller batailler dans le 6b+ suivant. Il met le temps, mais s'en sort avec les honneurs, c'est l'essentiel. Quant à moi, je n'attend qu'une seule chose : qu'il me donne le feu vert : je n'en peux plus, je suis glacé. En plus, ce relais pourri me donne des fourmis dans les jambes, doublées d'un mal de dos de chez " Mal de dos "... Je ne rêve que d'une seule chose : ma polaire noire restée au pied de la paroi... Lorsque je pars, mes doigts sont gelés, et je ne sens plus le rocher. Je passe en artif dès que possible, et grimpe entre les points, pour finalement rejoindre le Max. Notre objectif initial, qui était de pousser jusqu'au sommet après la voie, sera sans doute revu à la baisse. J'avale rapidement la longueur de 4+ qui termine notre " Danse ", puis nous décidons de battre en retraite. Je ne pense plus qu'à mon sac à dos en bas ! Premier rappel, première merde : la corde se coince. L'escalade est facile, Max remonte en vitesse, libère le brin récalcitrant, et redescend. La suite se passe sans encombres, même si nous avons prié pour que la corde ne se coince pas dans les longueurs en 6b, qu'il serait insupportable de gravir à nouveau. La tension est bel et bien présente, mais tout se déroule pour le mieux, et au bout d'une heure de rappels endiablés, nous sommes au pied de la voie, où nous attend une heureuse surprise : un éclat du monstre rocheux décroché par la Menace est venu achever sa course à moins d'un mètre cinquante de mon sac à dos ! Je n'ose imaginer la gueule qu'aurait tirée mon piolet Grivel si ce bout de caillou lui avait atterri sur le coin du manche... Le bilan de cette journée est une nouvelle fois positif : encore une belle réussite, mais encore un peu de chance, et toujours de belles histoires à raconter !

Romain de Lambert

[..] suite à Peclet