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Matthieu Plasteig


Samedi 14 aout 2004, cette nuit les Perséides vont arroser le ciel d'été, tu as choisi de t'installer "à la belle" dans ton duvet, peut-etre pour contempler cet ultime spectacle. Ton depart est à ton image, paisible.Tu ne pouvais pas partir d'une plus jolie manière, c'est sans doute ce qui nous aide, et nous fait sourire tout en essuyant une larme sur nos joues.

Mariane



Décontracté. Paisible. Calme. Tel m'était apparu ce garçon lors d'une sortie commune avec Vincent Fiori à la crête de la Ponsonnière fin décembre. Bien sûr, Matthieu Plasteig n'était pas un inconnu tant Vincent nous l'avait décrit comme un excellent camarade. Mais il s'agissait là de notre première course ensemble.

Matthieu ressemblait fidèlement au portrait dressé par l'ami Vincent: Le cheveu brun et dense, les joues pouponnes recouvertes d'une inamovible barbe de quelques jours, il portait des fringues fonctionnelles débraillées, pilotait une 309 ex-armée " collector ", et sa conversation était bercée par un accent chantant du Sud Ouest. Le personnage était haut en couleurs.

Pas pressé, il admirait avant tout le paysage et profitait du bonheur d'être en montagne entre copains avant d'enfiler de belles génuflexions sur les pentes des Cerces. Ce jour là dans sa grande bonté, Matthieu avait laissé Vincent prendre le large, comme pour honorer le retour du blessé à ses premières amours... Trouvant l'idée géniale, je m'exécutai à mon tour, et Vincent de reprendre ses vieilles habitudes pour fouler le sommet le premier lors de cette sortie inaugurale depuis son accident !

Matthieu déroule son style coulé en télémark dans les Cerces
Matthieu au bivouac dans la face Sud de la meije

Six mois plus tard, c'est par l'intermédiaire du même Vincent que Matthieu et moi décidons de faire cordée pour une belle course d'alpinisme: la traversée des arêtes de la Meije le premier week-end de juillet, avec montée par les Enfetchores et bivouac sommital.

Nous n'irons pas au bout du projet mais la nuit passée dehors offrit des lumières et une sérénité si exceptionnelles que son souvenir restera gravé à jamais dans ma mémoire. Le soleil descend doucement, teintant nos visages et les rochers alentours d'un rouge feu intense. Matthieu exhibe alors son antique doudoune bleue, vestige du bac de son " vieux " paternel, après avoir eu le loisir de porter son casque rose délavé et son bob kaki effiloché datant de la dernière guerre. Décidément, le côté " coloré " du bonhomme ne se dément pas !

Tout au long de la soirée et une bonne partie de la nuit, perchés sur un petit éperon à l'aplomb de la muraille Castelnau, nid douillet dans un écrin granitique immense, nous nous découvrons d'avantage, volubiles et intarissables. Un dialogue à bâtons rompus dans le plus beau des théâtres. Je parle de mes projets en escalade libre, il me répond artif, voyages, Yosemite. Ses choix professionnels, volontairement bridés pour demeurer dans une région où il aime vivre sont indéniablement ceux d'un passionné.

Inévitablement nous évoquons nos familles, nos rapports respectifs avec nos proches. Les siens semblent tendus, mais il me confesse entre autres que si son "frère avait besoin de [lui], [il] serait le premier à lui porter secours". Un témoignage touchant, prononcé sur le flanc Sud de la reine de l'Oisans, mis en lumière par la pleine lune. Nous dévions naturellement sur le sujet plus léger des femmes, et je souris encore aujourd'hui aux anecdotes parfois croustillantes qu'il a distillées ce soir là. Recroquevillés côte à côte dans le froid de la nuit alpine, je découvre un homme sensible, drôle, épris de beauté.

Le lendemain matin, au lever d'un jour qui s'annonce encore splendide, nous enchaînons les rappels dans le couloir Duhamel. Contrairement au constat désolé de Matthieu, ce n'est pas "juste un but de plus". Je m'en fous, un bivouac pareil signait la naissance d'une amitié durable, et valait bien le déplacement à lui seul.

Sous le refuge du Promontoire, Matthieu aborde pudiquement ses soucis de santé en évoquant son incapacité médicale à servir son pays, vécue comme un véritable drame par l'officier chargé de la lui annoncer. Enfin, au pied de la rampe routière filant vers la Grave, il s'engouffre le premier à l'arrière d'une caravane qui nous prend en stop. Je m'installe par conséquent devant et engage la discussion avec le chauffeur... alors que mon espiègle compagnon se prélasse sur les banquettes confortables, tout sourire, en compagnie de la jolie femme de mon interlocuteur !

Matthieu nourrissait sa vie de découvertes de lieux, de pays, de rencontres humaines. Sous les étoiles, il m'a avoué préférer habiter un petit appartement, être sous employé ici plutôt que surexploité ailleurs, et rouler dans une auto hors d'âge pour mieux se consacrer à sa montagne et à ses voyages. Aux choses qui donnaient un vrai sens à sa vie. Comme il a eu raison !

Derniers rayons au bivouac

Romain Delambert



Difficile d'écrire quelque chose, je n'ai jamais été à l'aise pour ce genre d'exercice, et plus encore dans de telles circonstances...Mais l'envie de rajouter quelques phrases au texte de Romain me poussse à essayer.

Calme, humilité, modestie et générosité, voila sans doute les quelques traits qui selon moi caractérisaient Matthieu.

Copain d'école, nous nous sommes rencontrés à l'insa et avons grimpé ensemble. C'est avec lui que j'ai partagé ma première sortie de ski en pente raide...Ce n'était pas du grand ski mais un peu le symbole de la découverte d'une activité qui allait ensuite m'occuper, voire me hanter.

Il est de retour sur Grenoble et nous reprenons contact. A cette époque mes activités, mes réves, mes projets alpins sont tournés vers les grandes pentes et nous avons finalement fait peu de courses ensembles: Je pense qu'il aimait être en montagne et cela lui suffisait. Je l'entends me raconter ses quelques courses solitaires, lorsqu'il riait de lui et de ses buts. Aucune envie d'extrême, il était là-haut avant tout pour jouer, s'amuser et je pense qu'il y trouvait ce qu'il cherchait.

Depuis 2 ans nous nous voyons plus souvent: Lui au chomage, moi en arrêt maladie, ce sont des occasions de longues discussions sur des choses plus ou moins légères; les "grands choix" de la vie, les moyens d'atteindre le bonheur, ses envies de longs voyages solitaires...

Il y a peu nous montions au fort des 4 seigneurs. Pédalage au train de sénateur, longue pause au sommet, je ne me doutais pas qu'il fallait tant en profiter.

Vincent Fiori


Décembre 2003: 10 secondes de son et d'images
Voir aussi l'hommage de Lionel